Le Djinn !... Quel bruit il fait ! (merci Totor)
(Je mets ici un texte d'abord posté sur Médiapart, pour faire le portrait d'un individu plus que toléré par la Rédaction, qui s'en sert pour pourrir l'espace commentaires d'abonnés « pas en cour »)
Il était une fois un personnage singulier, ayant pris pour pseudonyme un nom venu du Maghreb (d'aucuns pensent usurpé). Ici, on l'appellera Prince Najmi le Shéhérazeur. Pourquoi cette parenté avec la fille du Grand Vizir, moins les apparences et les appas pas rances ?
Parce que comme elle il avait l'art de raconter des belles histoires, capables de séduire jour après jour le harem du calife Haroun el Plenel, dont il était le favori. Tel le génie de la lampe il faisait s'élever des volutes de fumées pour cacher la misère, tel une houri il brillait de mille citations, de dix mille livres auprès desquels la défunte bibliothèque d'Alexandrie n'était qu'un réduit à vieux annuaires de téléphone. Il avait un maître, le Grand Vizir Perraudnogood, son modèle en épastrouillance et en « audaces de plume » (copyright el Plenel), qui lui rendait son admiration au centuple. Il ne pouvait parler sans citer Sophocle, demander l'heure sans requérir Edgar Morin, ou qu'on remette du papier dans les vécés sans invoquer Édouard Glissant. Pour épater encore plus la bourgeoise, il prenait deux mots incongrus et les mariait comme carpe et lapin ; et les Bélises de s'exclamer : du poème, ma sœur, il fait du poème ! Deux, non, deux cent, deux mille, secoués comme billes dans un sac par un gosse fier de sa collèque.
Hélas, passé une certaine heure (qui parfois commençait aux aurores), le carrosse devenait citrouille, le prince devenait ghoul et se mettait à hurler. Tout ce qui n'était pas dans ses vues et celles de son maître, tout ce qui osait le contredire, l'appeler à la simple politesse telle que promue par les hadiths de la Sainte Charte, devenait hydre à terrasser, horde à pourchasser, morpion à arroser de marie-rose. Mais hélas pour lui, alors que tout bon pamphlétaire tape juste, il faisait comme certains infirmes de la bibite : pisser partout sauf au bon endroit. Ainsi dépeignait-il ses ennemis et mies imaginaires avec une règle intangible, dite de la boussole déboussolée : écrire le contraire de la vérité, soit peindre comme honteux quelqu'un de fier, de triste une personne morte de rire devant ses galipettes faux-fuyantes, de perdu pour le style ceux qui écrivaient mieux que lui – ce qui n'était pas un exploit.
Et pourquoi pouvait-il exercer ses ires et délires à tout va sans être privé de son crachoir ? Parce que les eunuques du Médiapalais, aux ordres du calife, le laissaient mordre comme mâtin tous les malgracieux et maldames peu soucieuses de se faire niqaber.
Heureusement, tout cela est du passé, Médiapart-le-juste, passé en d'autres mains que celles de son fondateur Haroun-le-fourbe, ne saurait maintenant tolérer qu'un tel shaytan vienne troubler le calme et la courtoisie des échanges sous les palmiers des articles.
D'Ispahan , le 10 mars 2017