MA CHE BELLA MACCHINA !
Au cas où vous ne l’auriez pas encore réalisé, chers lecteurs muets comme le fantôme de Buster Keaton (qui ne parlait pas car il avait une voix de crécelle), je suis multi-passions, et ce n'est pas fini. En voici une autre : les belles voitures, surtout les oldies but goldies.
Comme celle-ci, d'une marque qui a souvent avancé cahin-caha (mais vite, elle a quelques records du tour dans ses carters – aux essais). Cette ragazza ennemie jurée des Ferrari dans les années 60, conçue pour les courses d'endurance, en a gagné... heu... zéro, car une voiture de course ne vaut vraiment que si elle voit le drapeau à damiers devant et les autres dans son rétroviseur. Et celle-ci a plus souvent vu le plateau de la dépanneuse. La faute aux budgets de misère d'une marque qui, alors, cherchait 19 sous pour en faire 20.
Alors, pourquoi nous parlez de cette championne de la lose, vous entends-je ricaner dans vos barbes (ou sous votre voilette, mesdames, ou derrière vos bavoirs, charmants bambins qui seriez mieux à faire dodo) ?
Parce qu'elle est tout simplement très belle, d'une beauté pure jaillie de deux ou trois coups d'un crayon soigneusement dirigé. A l'exact inverse de maintenant où on doit faire hargneux, compliqué. Où la tyrannie des aérodynamiciens transforme les voitures de course en samouraï explosés. Où poussent comme champignons vénéneux les spoilers, bavolets, ailerons, dérives, extracteurs, Jean Passe et Desmeilleurs.
Bon, celle placée en tête d’article est d'une beauté artificielle. Plus exactement : reliftée avec une précision de chirurgien automophile. Car en leur temps (comme d'ailleurs chez leur rivales) les carrosseries était finies dans l'urgence et à coups de marteau (souvenir d'une Ferrari P4 vue au Mans après la course : plus cabossée que la Fée Carabosse). Preuve : observez la fermeture approximative de la petite portière sur cette photo d'époque, dans un paddock qui fait plus penser à une décharge qu'à l'espace VIP d'un « racing team » du XXI° siècle.
J’ajoute que les voitures de course, alors, pouvaient arriver sur les circuits par la route (bon, pas cette star fragile qui y aurait laissé boulons, huile et caoutchouc). Les monstrueux protos de maintenant n'y feraient pas un mètre.
Et comment faire pour se payer un tel bijou, qui ne peut rendre heureux que d'happis fious riches comme Donald Trompe ? Très simple : vous allez chez votre marchand de jouets.