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Al Ceste un jour sur trois (ou quatre) !
18 février 2016

POWELL vs POWELL

critique-la-nuit-du-chasseur-laughton1

(Je continue de rapatrier des articles retirés d'un site)

Powell, les premières fois où je l'ai vu, me faisait peur, d'une peur presque animale (et personne d’autre, je pense, ne pouvait l'être que Robert Mitchum). Son pouvoir de séduction, qu'il exercera jusqu'à la fin (scène avec Ruby la naïve), sa perversité cachée sous le miel. Son acharnement, son omniprésence obsédante symbolisés par le train qui fonce dans le noir avec son gros œil blanc, le cavalier qui avance dans la nuit (« mais il ne dort jamais... » dit un John fataliste).

C'est plus tard que s'est fêlée cette image effrayante. Quand il se casse la margoulette dans l'escalier de la cave. Quand Miss Cooper, la seule femme qui n'est pas dupe des beaux prédicateurs lui tient tête avec un cantique (et un flingue). Flingue dont un seul coup bien ajusté le fait détaler en couinant comme un lapin. Quand, aimanté par l'argent qu'il ne saurait abandonner, il se cache bêtement dans la grange au lieu de filer chercher d’autres victimes femmes et argentées. Mais la scène où il se montre le plus Janus est celle de l'embarcadère : ridicule le corps immobilisé dans la vase alors qu'un tourbillon éloigne ses proies, terrifiant par le long cri de fauve qu'il pousse, les yeux exorbités. Des enfants sont plus forts que lui, qui manipule tout le monde...

Powell n'est pas pédophile (voir l'hypothèse capillo-tractée évoquée précédemment) mais sexuellement... compliqué : les femmes l'attirent et le répugnent, Eves tentatrices et pécheresses, et il est probablement impuissant. Le couteau qui jaillit est une métaphore de pénis en érection, mais c'est peut-être la seule chose qu'il puisse brandir. Son ancêtre Tartuffe, au moins, veut et peut passer aux travaux pratiques, hélas pour lui interrompus par le pré-cocu.

Powell est mort au bout d'une corde (enfin une occasion de bander), mais il revit en pasteur évangéliste, en gourou de secte ou, plus près de nous, en imam salafo-wahhabite. Gens probablement affligés de la même tartufferie sexuelle (j'écris cette phrase religiophobe sur MdP, je me fais huer).

Raison de plus pour découvrir ou revoir ce film.

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Al Ceste un jour sur trois (ou quatre) !
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