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Al Ceste un jour sur trois (ou quatre) !
6 février 2016

La réforme déforme

 

soutienscolaire-orthographe

 

Dans les écoles, hélas, on n’en est plus à se battre pour les nénuphars, les traits d'union et les accents circonflexes. Cette réforme est l'arbre qui cache la forêt menacée.

On en est à lutter pour le maintien de la notion fondatrice d’accord entre les mots (M/F, S/P, verbe-sujet). Pour ne plus voir « les chien aboit » ou « il son grend ».

L’accord est le symbole du fait que je suis, en règle majoritaire, homme ou femme. Que je suis inscrit dans un groupe où j’ai une place, des droits et des devoirs. Que je suis comme un mot : les autres doivent tenir compte de moi, je dois tenir compte des autres.

On en est à se battre pour les modes et surtout les temps de conjugaison, qui se mélangent sans raison dans les textes des élèves. Plus de distinction passé-présent-futur car je ne vis que dans le présent, moi qui ignore le passé de ceux qui m’ont fait, m’ont légué un patrimoine dont je n’ai que faire, moi qui ne pense pas plus à mon avenir qu’à celui de ma planète.

Ceux qui prônent une « simplification » de l’orthographe et de la syntaxe sont, eux, fort bien munis d’une orthographe complexe, dont ils se servent pour manipuler. On retourne, et par démagogie ils accélèrent ce mouvement, vers une sorte de Moyen-Age (pardon, chers amis médiévistes qui allez me reprocher cet usage péjoratif), vers une civilisation de l’oral : une majorité d’analphabètes soumis aux manipulations d’une minorité de clercs, excités dans leurs émotions et amputés des moyens d’exercer leur intelligence, leur capacité à la réflexion et à la mise en perspective pour quoi l’écrit est plus apte que l’oral. Milliers de « cerveaux disponibles » soumis alors aux ancêtres de TF1 et des prédicateurs de toutes idéologies (et ça continue), maintenant aux mandarins qui trouvent bon qu’on laisse se développer une sous-langue pour les ilotes.

Ils acceptent, voire encouragent l’appauvrissement de la langue (plus de grammaire étudiée méthodiquement, plus de travail sur les synonymes, ces outils de la pensée nuancée, plus d’étude des figures de style comme la métaphore, dédain des auteurs classiques et pire, anciens, etc). Appauvrissement accéléré par la vogue des SMS, des skyblogs d’ados, et maintenat des comptes Fesse-bouc, pour beaucoup terrifiants terrains quasi-vides. Attention, les mômes ne sont pas les premiers responsables de cette décadence, victimes qu’ils sont de flatteurs calculateurs empressés de fabriquer des « cerveaux disponibles » privés d’une culture ouverte, diverse, complexe, et sur lesquels nos renards auront tout pouvoir dans le poulailler.

Je reverrai toute ma vie ce père qui a fondé mon combat pour et avec les élèves. Dans une réunion, un ouvrier, perdu au fond de la classe – bien sûr trépignait car une Madame de Grand-Air au premier rang sortait des énormités - mais en beau langage. Et moi, le croisant huit jours après, de lui demander pourquoi il ne l’avait pas bâchée alors que je connaissais ses idées, pertinentes : ah Monsieur, je ne savais pas comment le dire !

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